Un dimanche avec .. Céline Dion sur RFM

Elodie Gossuin : Bonjour, Céline, merci de nous recevoir, vraiment c’est un plaisir vous avez manqué au public français.

Céline : C’est gentil, je suis ravie d’être là.

Elodie Gossuin : Et vous avez donc votre tout nouveau single “encore un soir”, qui est sorti le 24 mai dernier, c’est le meilleur démarrage en France déjà, 15000 exemplaires vendus. Comment vous expliquer cet engouement des français pour vous et depuis toujours ?

Céline : Payant un phénomène Jean-Jacques Goldman des gens partant. Je me suis permise dans un moment très difficile de ma vie, de faire un appel au secours, finalement à Jean-Jacques je m’apprêtais à préparer. René voulait que je, que je sois ici et faire une tournée au Québec, faire quelques spectacles ici en France, recommencer mes spectacles à Las Vegas, faire un album en français, faire un album en anglais, enfin, tout ça pour vous dire que, il avait quand même préparéil la suite qui est maintenant. Et je me suis dit, je vais quand même, je sais que Jean-Jacques qui va me dire, “Je ne peux pas écrire d’autres titres. J’ai tout écrit pour toi on a parlé on a parlé du beau temps du ciel des étoiles, des enfants.” Il a raison et c’est vrai, mais je lui ai donné tort sur un truc. J’ai dit Jean-Jacques, je suis à Boston avec mon mari qui vit des moments très difficiles et ce sera un nouveau départ pour lui, et ce sera une nouvelle vie pour nous. Alors j’ose te demander, de prendre en considération d’écrire un titre pour nous, pour lui, pour moi, pour m’aider, pour nous aider à traverser le pont. C’est des moments qui ne s’explique pas, ce sont des moments qui se vivent. Et tu m’as toujours écrit des chansons extraordinaires, mais celle-ci elle doit être importante. C’est la chanson la plus importante. Si on n’a qu’une, ce serait celle-là. Et j’ai, beaucoup, beaucoup pleuré au téléphone j’ai dit, “Je peux pas croire, je ne voulais pas pleurer, je ne voulais pas pleurer. je suis désolé, je voulais pas pleurer.” Et puis il a accepté et pour moi cette chanson c’est l’ancre. C’est l’ancre qui me tient bien. Je ne veux pas le dire bien ancré, mais bien solide quoi. C’est, c’est ma façon à moi de m’exprimer et la chanson. C’est, c’est ma façon de m’exprimer et de donner aux autres et de partager et de vivre mes émotions, et je suis plus que ravie que les gens embarquent dans cette émotion, et de ramer avec moi dans des moments faciles de joie et de peine. Et c’est la vie qui continue ça va bien, mes enfants sont ici, on est très très contents d’être là. Je vais faire deux concerts Antwerp j’ai eu un spectacle à paris. Ensuite j’ai du spectacle chez nous au Québec, donc j’ai déjà recommencé même avant le départ de René, je suis remonté sur scène parce que c’est ce qu’il voulait.  Alors honnêtement en tant qu’artiste, en tant que femme, en tant que mère, je suis très fière. Je suis très fière parce que je sais qu’il est content. René est très content.

Elodie Gossuin : Est-ce que ce titre ou l’album, ça fait partie des projets qui étaient finalement vos rêves. Et je dois dire que c’est le plus beau type depuis “Vole”, pour moi en français. “Vole” de l’album…

Céline : Merci, c’est gentil.

Elodie Gossuin : Je sais aussi quel regard vous avez sur l’ensemble de vos titres en français, mais…

Céline : Absolument. “Vole” ça et ça a pris une importance dans ma vie. Parce que “Vole” ce n’était pas qu’une chanson, c’est, c’est beaucoup même comme “Encore Un Soir”. Parce que c’était dédié à Karine ma nièce, qui est décédé de la fibrose kystique. Elle avait seize ans, et ça été une chanson il l’a écrit en pensant elle. Mais il y a tellement d’enfants, tellement de parents qui ont utilisé cette chanson pour les aider à franchir ce pont, à traverser ce pont, à cette nouvelle vie sans eux. Et “Encore Un Soir” si cette continuité, de “Vole” à “Encore Un Soir”. Parce que la passion règne toujours. Ma passion pour l’amour que j’ai pour René, pour mes enfants, pour mes fans, pour, le respect que j’ai pour moi, la passion que j’ai pour mon métier. “Encore Un Soir” à sa place, elle m’habite, et, et c’est vrai, ça n’a pas été juste une chanson. Il y a un moment qui arrive, et puis on écrit une chanson pour un moment. Non, il y a un moment de vie que tout le monde vit. Je ne suis pas la première, la dernière qui vit ces moments. Et cette chanson j’en avais besoin, et je crois que René aussi, pour me faire sentir que j’ai, que ça continue quoi.

Elodie Gossuin : Et c’est votre force, parce que finalement dans vos textes, c’est pour vous, une thérapie aussi. Mais pour nous tous aussi, parce que vous nous avez donné envie de croire qu’on pouvait aussi devenir mère, par exemple, en partageant nombre de titres, ou par voilà de faire le deuil avec “Les Petits Pieds de Léa”, ou d’autres titres vous avez conscience de l’aide que vous nous donnez finalement à nos femmes en tant que maman. Je le suis aussi aujourd’hui on a d’ailleurs un point commun. J’ai des jumeaux, je voulais vous le dire.

Céline : C’est vrai ?

Elodie Gossuin : Deux fois des jumeaux.

Céline : Garçons filles ?

Elodie Gossuin : Garçons filles et garçons filles. Je pour la parité moi faite.

Elodie Gossuin : Au moins un point commun avec vous.

Céline : Bravo.

Céline : D’écouter si mes chansons peuvent aider, moi j’ai toujours été un livre ouvert. Ça a été un choix, de garder sa vie privée très privée ou de la partager. Moi, venant d’une grande famille, j’ai décidé depuis le premier jour de ma carrière de d’être un livre ouvert. J’en ai été, j’ai été critiqué de ça à maintes reprises, il y a très longtemps. “Il ne faut pas vous raconter tout et elle a dit tout, il ne faut pas dire trop.” Et moi je, et moi ça m’aidait à avoir une relation avec mon public.

Elodie Gossuin : En étant honnête.

Céline : Oui, et j’aurais pu facilement garder ça secret, mais je me suis dit, moi j’en ai besoin de savoir, que les gens savent qu’eux aussi, ils ont des difficultés, mais que nous aussi, les artistes qui vivons des jets de set de des vies, des vies extraordinaires. On est des gens normaux, mais on ne vit pas des vies normales. On se promène dans limo, on a des avions privés, on a des gens qui font nos cheveux, notre maquillage, nos vêtements et tout.

Elodie Gossuin : Dans les palaces.

Céline : Non mais oui, quasi dans les palaces à paris et tout. Donc c’est quand même une vie fabuleuse, et moi je me suis dit, quand je raconte vraiment que nous aussi, on a des peurs, des craintes, des départs, de la souffrance, des rêves, et qu’on le mentionne, et qu’on le partage avec eux, quand on interprète nos chansons après. Les gens s’associent davantage à nous, on ne devient pas qu’une chanson où on ne fait pas que partie du répertoire, on devient une amie, on devient leur chanteuse préférée ou pas. On devient quelqu’un une stabilité pour eux, en qui font confiance. Peu importe comment je me sens, mais j’ai l’impression que je n’ai pas juste une relation de chanteuse avec mes fans, je veux croire que j’ai une relation au-delà de ça, et c’est pour ça que je suis ici aussi.

Elodie Gossuin : Bien au-delà, évidemment. Moi je vous vois je me rappelle les instants, je pleurais seul dans ma chambre. Je crois qu’un garçon me laissait tomber, en écoutant votre album et ça me faisait du bien. Et de la même façon de parler d’être “ordinaire” finalement, alors que vous êtes extraordinaire.

Céline : Parfois j’ai plus le goût de rien à faire. Et c’est vrai, et c’est une grande chanson comme vous dites, qui s’appelle “ordinaire”. Mais c’est une chanson extraordinaire, ça a été très bien tu ne dois pas.

Elodie Gossuin : Mais c’est la réalité comme d’autres chansons sur cet album, vous avez notamment énormément des textes écrits, il me semble par Francis Cabrel, Florent Mothe

Céline : Jean-Jacques Goldman, Serge Lama aussi, avec…

Elodie Gossuin : “Les yeux au ciel” ou d’autres sites, comme cela qui nous parlent tellement à nous. On a envie de regarder les étoiles avec nos enfants en pensant à vous, et ça a un impact tellement fort quoi véritablement. Mais pour vous mais de quelle façon vous voulez choisi, vous connaissent tellement bien que ça s’imposait, c’était une évidence.

Céline : Ça a été plusieurs petites choses, on a eu plusieurs coups de téléphone, par exemple, “Les yeux au ciel” où j’ai un peu co-écrit de la chanson, au niveau du texte, parce que j’ai quasi je disais tout à l’heure presque chanter tous les sujets. À l’exception de encore un soir mais après ça s’arrête.  Ça continue on parle de quoi. Alors j’ai pas envie de vivre dans ce deuil pour le restant de ma vie. Je veux être femme, une mère très forte pour montrer mes enfants que, que cette nouvelle vie, elle est belle, et que maman est forte, et que la vie est belle. Je sais qu’il y a des choses terribles qui nous arrivent à tous, et c’est mondial. C’est mondial. Et nous nous devons vraiment je crois de garder espoir, parce qu’honnêtement on le vit on n’a pas le choix, ça nous arrive sans qu’on nous ait donné un avertissement quoi. Mais pour nos enfants, il faut vraiment se montrer très fort, alors quand il nous arrive des choses comme ça, dans la société ou dans notre famille, c’est difficile, mais je pense qu’il faut croire. Je ne veux pas devenir quelqu’un qui parle de prière et de religion, mais je parle surtout d’équilibre, de croire qu’il y aura du changement, de croire que les choses vont changer pour le mieux. Il faut y croire parce que la nouvelle génération qui vont vivre. Je nous le souhaite à tous un monde meilleur. Il faut y croire parce que nous en tant que mère il faut dire à nos enfants qu’on est là pour eux, parce qu’on est là pour les protéger.

Elodie Gossuin : La société est un petit peu anxiogène et ça nous fait du bien notamment de réécouter des titres comme “Zora Sourit”, par exemple. je pense que ça a un impact considérable c’est important de le dire

Céline : Connaissez bien mon répertoire

Céline : “dans les rues, les gens passent les gens comme on les voit”

Céline : C’est vrai, “Zora sourit” c’est une très très très belle chanson. La vie nous fait peur un peu.

Elodie Gossuin : Et je sais que vous avez du mal à vous exprimer, mais avec ce qui s’est passé dernièrement à Orlando. Vous ne l’avez pas communiqué c’est trop difficile pour vous.

Céline : Vous savez qu’on est ici, ça se passe, là-bas. Qu’on est là-bas, ça se passe ici.

Elodie Gossuin : Partout

Céline : Alors mondialement, nous vivons une détresse, une angoisse, nous avons peur. Nous avons tous très très peur. Et on est des humains. Et c’est normal qu’on ait peur, on se dit, est ce qu’on, est ce qu’on va dans les petites surfaces, est ce qu’on va dans les grandes surfaces, est ce qu’on va au parc avec nos enfants, est-ce que c’est le café qu’on doit éviter, est-ce que c’est les, est-ce que… Mais on ne peut pas.

Elodie Gossuin : Il faut vivre

Céline : Il faut vivre on espère, il faut prier, il faut vivre, il faut méditer, il faut y croire. il faut être positif, il faut avancer

Elodie Gossuin : Et pour être positif et positif quand on le soit tous, je pensais à notamment l’Eurovision, vous avez gagné s’il y a donc en 88. Mais parce que vous avez soutenu Amir qui est arrivée en sixième position de l’Eurovision, le plus beau des classements depuis dix ans. Et on avait une petite idée, on se disait que si vous montiez sur scène pour vos 30 ans de victoire donc en 2018. Est-ce que ce ne serait pas une bonne idée à l’Eurovision dans deux ans ?

Céline : Il faut en faire mon plan

Elodie Gossuin : Mais peut-être si vous avez besoin de moi, vous pouvez faire appel à mes services

Elodie Gossuin : Pourquoi pas.

Céline : J’ai pas pensé mais je vais le laisser savoir.

Elodie Gossuin : C’est une petite idée comme ça.

Céline : C’est une bonne idée, ça peut être une fausse bonne idée, mais ça peut être une très bonne idée aussi. Alors que la vie se remettre en place que les choses se calment. Tout est possible. Je laisse vraiment tout mon livre ouvert, je me laisse vraiment porter par les vagues, bien ancrées au fond de la mer. Et je pense que le meilleur reste à venir. Et on ne sait jamais quoi.

Elodie Gossuin : Le meilleur avec nos enfants.

Céline : Si j’y vais, vous venez.

Elodie Gossuin : Avec grand plaisir, je serai là. Je me suis fait remarquer aussi à l’Eurovision, mais pas en super bien non plus. Moi je chante très faux malheureusement.

Céline : On ne peut pas tout avoir à la beauté la radio.

Elodie Gossuin : Est-ce que les enfants sont du voyage, parce qu’on a un petit cadeau pour eux.

Céline : C’est gentil, premièrement ce n’est pas nécessaire les cadeaux, parce que déjà d’être ici mes enfants sont très contents.

Elodie Gossuin : C’est un lien entre la France et les Etats-Unis, un mickey.

Céline : C’est trop gentil.

Elodie Gossuin : Avec grand plaisir.

Céline : Mes enfants sont avec moi, toujours toujours, toujours, toujours.

Elodie Gossuin : Et puis pour René-Charles, c’est “La Vie Devant Soi” de Romain Gary. Ça nous a tous beaucoup marqué en tout cas, pour ceux qui ont eu la chance de le découvrir, et on voulait lui transmettre.

Céline : La vie devant soi, “the best is yet to come”, le meilleur est à venir.

Elodie Gossuin : La tolérance c’est important.

Céline : Je vous remercie.

Elodie Gossuin : Et merci à vous.

Céline : C’est pas un cadeau, c’est une pièce de bagage, c’est un bagage.

Elodie Gossuin : Mais c’est un si bon vrai bonheur que d’être avec vous. Merci pour votre générosité, votre bienveillance et vous dites que vous n’êtes que vous êtes finalement ordinaire, et vous êtes la star, et effectivement vous avez un comportement d’artiste, parce que vous êtes juste humainement incroyable. Et je voulais vous le dire ce que vous êtes un véritable modèle, je pense pour nombre de femmes. Voilà. Merci beaucoup, Céline.

Céline : Merci. On est heureux d’être là. Merci pour les enfants.